Les entreprises belges progressent trop lentement en matière de mobilité durable. Un nouvel Indice de Mobilité publié par Securex révèle que la plupart des entreprises sont loin d’atteindre les objectifs climatiques et de mobilité régionaux.
Ci-dessous, nous détaillons les résultats, la méthodologie, et ce que les entreprises peuvent (et devraient) faire pour rattraper leur retard.
Résultats clés de l’Indice de Mobilité Securex
- Score moyen des entreprises belges : 3,73/10, soulignant un écart important avec les objectifs de durabilité régionaux.
- Différences régionales marquées :
- Bruxelles obtient le score le plus élevé : 5,05
- La Flandre se situe près de la moyenne nationale : 3,70
- La Wallonie accuse un retard : 3,20
- Plus de ¾ des entreprises belges (≈ 76 %) obtiennent un score inférieur à 5, ce qui indique un sous‑rendement important par rapport aux ambitions.
- Seule 1 entreprise sur 8 atteint des scores proches ou supérieurs aux objectifs.
- L’indice repose sur des données de 19 626 entreprises couvrant plus de 207 000 travailleurs, ce qui le rend très représentatif.


Comment l’indice est construit : 3 piliers, émissions sur le cycle de vie et flexibilité
L’Indice de Mobilité Securex n’est pas une simple enquête : il s’appuie sur des données empiriques et un modèle scientifiquement calibré. Voici son fonctionnement :
- Trois piliers de mesure :
- Électrification des flottes – part des véhicules d’entreprise électriques
- Report modal – passage de la voiture individuelle aux transports en commun, vélo, marche ou mobilité partagée
- Réduction des déplacements – via le télétravail ou d’autres mesures pour diminuer la demande de déplacements
- Comptabilisation du CO₂ sur le cycle de vie Les émissions ne proviennent pas uniquement de la consommation de carburant. Le modèle prend en compte les émissions liées à la fabrication, l’usage et la fin de vie de chaque mode de transport.
- Objectifs de référence et interprétation flexible L’indice compare les émissions réelles à un niveau cible basé sur les objectifs régionaux. Si une entreprise ne peut pas utiliser les transports publics à cause de contraintes géographiques, elle peut compenser par plus de télétravail ou de vélo. En résumé : l’indice valorise des solutions adaptées au contexte, et non un modèle unique pour tous.
Grâce à cette structure flexible, des progrès dans un pilier (ex. télétravail) peuvent compenser un pilier moins performant (ex. accès limité aux transports publics).
Obstacles et contraintes structurelles
Pourquoi tant d’entreprises sont-elles en retard ? L’indice et son commentaire soulignent plusieurs freins :
- 💸 Coût : les véhicules électriques restent coûteux malgré les incitants fiscaux, surtout pour les PME
- 🧭 Infrastructures insuffisantes : hors des centres urbains, transports publics rares et infrastructures cyclables fragmentées ou dangereuses
- 🧠 Inertie culturelle : la voiture de société reste un avantage très prisé, et employeurs comme employés sont souvent réticents au changement de mode
- 📍 Disparités régionales : Bruxelles bénéficie d’une forte densité et d’infrastructures multimodales, tandis que les zones rurales et suburbaines ont des options limitées
Ces facteurs montrent que les entreprises ne peuvent pas réussir seules : le progrès nécessite une action conjointe des entreprises et des pouvoirs publics, ainsi que des investissements dans les infrastructures et une coordination régionale.
Ce que les entreprises peuvent faire immédiatement pour améliorer leur score
Voici quelques leviers tactiques pour améliorer rapidement la performance mobilité :
- Électrifier progressivement la flotte
- Promouvoir des modes alternatifs : abonnement transport public, indemnités vélo, leasing vélo
- Structurer le télétravail régulier pour réduire les déplacements nécessaires
- Impliquer les employés dans la conception des plans de mobilité pour garantir l’adhésion
- Identifier les points faibles : utiliser les diagnostics de l’indice pour savoir quel pilier (flotte, report modal, réduction) freine le plus
- Plaider pour de meilleures infrastructures auprès des communes et des autorités régionales
À terme, améliorer un pilier peut faciliter les progrès dans les autres (ex. plus de véhicules électriques favorise la mobilité partagée, plus de télétravail réduit la pression sur les transports publics).