Vehicle-to-Grid (V2G) en Belgique : prêt techniquement, mais opérationnellement en attente

Le Vehicle-to-Grid (V2G) est sur toutes les lèvres — des gestionnaires de flotte aux responsables RH et aux exploitants d’infrastructures. Chaque fois qu’une entreprise installe des bornes de recharge à domicile pour ses employés, la question revient :

« Faut-il déjà planifier le Vehicle-to-Grid ? »

La réponse courte ? Oui… mais pas encore.

Explorons pourquoi — de la préparation technique aux barrières réglementaires et implications business — et comment les entreprises peuvent déjà se préparer.

Qu’est-ce que le Vehicle-to-Grid (V2G) ?

Le V2G désigne la capacité des véhicules électriques (VE) à non seulement puiser de l’énergie depuis le réseau pour recharger leurs batteries, mais aussi à y renvoyer de l’électricité lorsque nécessaire.

Avec le V2G, les VE deviennent des batteries mobiles, apportant de la flexibilité au système énergétique :

  • en absorbant l’électricité lorsqu’elle est abondante (heures ensoleillées ou venteuses),
  • et en la restituant lorsque la demande est forte.

Le résultat est gagnant-gagnant :

  • pour le réseau : équilibre entre production et consommation,
  • pour les utilisateurs : potentiels gains financiers,
  • pour les entreprises : optimisation énergétique et décarbonation.

Où en est la Belgique aujourd’hui ?

Lors de Mbrella Crossroads, , événement clé pour les acteurs de la mobilité durable, nous avons échangé avec Philippe Vangeel (EV Belgium) et Nick Boels (Mbrella) sur ce sujet.

Voici les points principaux, confirmés par la dernière Étude d’Adequation et de Flexibilité d’Elia (2026–2036) :

1. Techniquement, le V2G est prêt

  • Les bornes compatibles V2G existent déjà et sont disponibles commercialement.
  • Des véhicules comme la Nissan Leaf ou la Kia EV6 sont déjà bidirectionnels.
  • Elia estime un rendement de 80 % pour un aller-retour d’énergie, rendant le V2G viable comme source de flexibilité.

2. Mais la réglementation belge ne suit pas

  • La plupart des bornes n’ont pas encore passé les tests de conformité RGIE (obligatoires pour l’installation).
  • Sans certification, le déploiement reste bloqué, même si le matériel est prêt.

3. Le modèle opérationnel reste à définir

Faut-il que les VE :

  • réagissent aux signaux prix (flexibilité basée sur le marché), ou
  • répondent aux flux énergétiques d’un bâtiment (optimisation locale) ?

Les deux approches ont des avantages. Mais comme le souligne Elia, une réaction massive basée sur le prix pourrait générer des effets physiques « on/off » sur le réseau si des milliers de véhicules basculent simultanément — un défi pour la stabilité du système.

4. Le cadre RH et fiscal est manquant

Les règles fiscales et RH belges ne sont pas adaptées aux flux bidirectionnels :

  • utiliser l’électricité payée par l’employeur à domicile pour renvoyer de l’énergie pourrait être considéré comme un avantage en nature,
  • cela soulève des questions sur les politiques de voitures, le remboursement et l’évaluation des avantages.

Que nous apprend l’étude d’Elia ?

Selon Elia, le V2G et d’autres formes de flexibilité des utilisateurs finaux pourraient :

  • générer 350 à 500 millions d’euros par an d’économies pour le système électrique d’ici 2036,
  • réduire le gap d’adéquation belge jusqu’à 800 MW dans des scénarios à forte flexibilité,
  • impliquer des centaines de milliers de véhicules contribuant aux marchés d’équilibrage.

Pour débloquer ce potentiel, trois conditions sont essentielles :

  1. Clarté réglementaire (accès au marché, conformité RGIE, cadre fiscal),
  2. Pré-requis techniques (compteurs intelligents, sous-comptage, bornes certifiées),
  3. Engagement des gestionnaires de flotte et des employeurs.

Que peuvent faire les entreprises dès aujourd’hui ?

Même si le V2G n’est pas encore opérationnel, les entreprises peuvent déjà :

  • Planifier l’infrastructure : installer des bornes V2G-ready (hardware évolutif),
  • Adapter les politiques voitures : intégrer des clauses anticipant la recharge bidirectionnelle,
  • Collecter des données dès maintenant : via la recharge intelligente (V1) pour préparer l’optimisation future,
  • Travailler avec des conseillers (comme Next Mobility) pour évaluer les impacts RH, fiscaux et opérationnels.

Pourquoi c’est important pour la mobilité d’entreprise

En Belgique, 83 % des nouveaux VE sont des voitures de société (Elia, 2024).

Autrement dit, les employeurs sont les acteurs clés de l’adoption du V2G.

Leurs choix — de la stratégie de recharge aux modèles de remboursement — détermineront si le V2G devient un véritable atout ou une opportunité manquée.

Perspectives

Le V2G dépasse la technologie : c’est un changement de paradigme.

Il brouille les frontières entre mobilité, énergie et RH.

Chez Next Mobility, nous suivons de près ces évolutions et travaillons activement sur :

  • l’intégration du V2G dans les politiques voitures et processus opérationnels,
  • l’anticipation des implications fiscales et RH,
  • l’alignement des stratégies énergie et mobilité pour préparer l’avenir.

Parce que lorsque le V2G sera disponible, être prêt fera toute la différence.